Marie Lise Labonté
Comment se libérer des régimes et éviter les dérives alimentaires ?
Dépasser tous nos conditionnements pour tendre vers une alimentation intuitive et épanouissante.
Livre synthétique et puissant qui permet de faire le tour de toutes les questions essentielles qui se posent autour de notre alimentation, de notre vie intra-utérine, en passant par les conditionnements de l’enfance, jusqu’au dictat des régimes et des cultes de l’apparence à la mode. L’auteure nous explique comment avancer pour retrouver une alimentation plus saine. Ses conseils toujours pertinents et bienveillants sont le fruit de sa propre expérience avec les troubles alimentaires qu’elle a dû traverser depuis l’enfance mais ils sont également issus de sa grande expérience de thérapeute.
Ce livre vous guidera pour progressivement mieux vous connaître et tendre vers une « alimentation intuitive », qui est à la fois en conscience, dans la joie et l’écoute de son corps.
Introduction
J ’écris ce livre par respect pour nous, êtres humains, qui sommes sur Terre confrontés à la famine, à la malbouffe, à l’obésité, à la maigreur, à la surcharge pondérale, à la minceur par mode ou par les campagnes de publicité, et surtout aux comportements alimentaires qui essaient de se frayer un chemin entre les diètes et les régimes. Où sommes-nous? Où nous situons-nous?
La nourriture, dans les sociétés nord-américaine et européenne, semble être devenue une forme de fixation et de diktat. À tort ou à raison, les régimes pullulent et les diètes s’instaurent sans avis médicaux pour entretenir le culte de la minceur et perdre cette graisse pondérale jusqu’à oublier de vivre. Perdre du poids semble être une obsession culturelle quand, à l’autre bout de la planète, des gens meurent d’insuffisance alimentaire.
J’écris aussi ce texte, car j’ai vécu des troubles alimentaires qui ont marqué ma vie. Il est important pour moi d’y apporter ce témoignage et d’encourager les lecteurs qui se sentent concernés vers la voie de la guérison.
Depuis mes lointains souvenirs d’enfance, j’ai toujours eu un problème avec la nourriture. J’étais toutefois dans le déni. Anorexique (sans vomissement), je portais du 0 (taille américaine) et j’en étais fière. Tout a commencé à 17 ans lorsque ma mère m’a mise à la diète minimale à 1 000 calories par jour pour me faire maigrir. Elle a réussi, et pourtant je n’étais pas grosse, par contre, je n’étais pas à son image.
Natation trois fois par semaine, diète, cassure d’un doigt, début de mononucléose, magnifiques signes précurseurs qui démontraient que je me laissais maltraiter par cette forme d’alimentation. Ma mère était contente du résultat pondéral et, pour ma part, ce ne fut que le début de mon histoire.
La suite de mon adolescence a été ponctuée d’injonctions, parfois contradictoires, de sa part, du type «Attention, tu grossis », jusqu’à «Attention, tu deviens trop mince ». J’ai fait le yoyo. Cela me troubla, au point de culpabiliser de manger soit pas assez, soit trop. À 20 ans, une amie me dit: « Je crois que tu es anorexique. » Ma réponse fut: «Moi, anorexique ? »
Avec ma taille 0, je mangeais un demi-toast le matin, une carotte au déjeuner et une boulette de viande le soir. Je marchais pour me rendre à l’université avec, dans mon sac à dos, mon mal-être. Combien de fois ai-je entendu : «Oh, tu manges comme un oiseau! » Et j’avais ma réplique habituelle : « J’ai un petit estomac. » La réponse réelle était que l’oiseau se sentait lourd de culpabilité, il était en cage et n’arrivait pas à voler.
Un jour, une maladie incurable, réelle, contenant mon mal d’âme, frappa à ma porte : la polyarthrite rhumatoïde. Allais-je changer ma diète ?
Pour guérir de l’arthrite, j’ai eu à changer ma vie et mon alimentation, complètement : du végétalisme, j’ai libéré mon corps que je restreignais en suivant les régimes pour les arthritiques. Je les avais tous essayés sans résultat. De 21 ans 17 à 25 ans, dans mes années universitaires, je souffrais dans mes articulations et je m’autopunissais avec la nourriture. Il n’y avait pas d’issue. J’ai eu un déclic lorsque j’ai enfin choisi de sortir de ce cercle vicieux et de retrouver mon pouvoir de guérison en habitant ce corps malade. J’ai compris que je ne pouvais pas guérir, tout en m’autopunissant. Il y avait un contresens. Je me suis alors laissé guider par l’intelligence de mon corps pour m’alimenter. Je suivais ce qu’il me disait.
Depuis 1987, il existe une méthode aux États-Unis qui prône cette forme d’alimentation appelée « alimentation intuitive ».
Pour ma part, j’étais en 1978 à Paris, et je me suis nourrie, guidée par un corps qui se guérissait et dont je découvrais l’intelligence grâce à la méthode psychocorporelle que je pratiquais avec mon mentor. C’est ainsi que j’ai retrouvé la liberté de manger ce que je voulais, aux heures que je souhaitais, sans culpabiliser. J’en suis arrivée à me nourrir de façon intuitive grâce à l’intelligence de mon corps que j’ai libéré. Je ne suggère pas aux lecteurs de se lancer dans l’alimentation intuitive sans passer par le corps. Il est important de partir du corps vers l’esprit et non l’inverse. D’utiliser une approche psychocorporelle pour habiter son corps et pour vivre à partir de son ressenti intérieur, plutôt que d’être commandé par l’extérieur.
Ce livre n’est pas un guide sur comment manger, quoi et quand. C’est plutôt un texte antirégime où, de par mon expérience de psychothérapeute psychocorporel et de par mon vécu, j’aborde l’alimentation avec un regard plus profond que les diététiciens et autres spécialistes. Plus profond dans le sens où je relie les troubles alimentaires à notre passé, à nos conditionnements et aussi à la relation avec notre inconscient et avec notre corps qui sait. L’intelligence corporelle est la porte de sortie de l’enfermement des régimes, des diètes et des effets yoyo. Du corps vers l’esprit, il est possible de se libérer de l’anorexie mentale, de la boulimie et d’autres comportements. Je tente de vous guider vers une plus grande compréhension des comportements que vous pourriez avoir envers vous-même et aussi envers vos enfants, attitudes destructrices souvent inconscientes qui enferment le lien à la nourriture et au corps.
La nourriture telle que je la présente est en tout premier lieu un lien profond avec notre mère et, par la suite, dans l’intimité avec nous-mêmes. Certains diront: «Ah non, pas encore la mère!» Avons-nous oublié que pendant presque neuf mois nous avons été nourris par elle en osmose, et ce, dans nos cellules? La vie intra-utérine est souvent occultée, par contre notre corps sait. Cette accointance fut celle qui a ouvert la voie à notre relation avec la nourriture et qui s’est logée dans notre inconscient.
Nous donnons à la nourriture nos états d’âme, nos peurs, notre non-amour, le besoin de s’autopunir ou encore de s’éclater. C’est souvent involontaire. Nous recherchons dans les régimes et les diètes celui ou celle qui va nous sauver et qui fera le régime à notre place. C’est ainsi que nous voyons la nourriture comme étant à l’extérieur de nous, quand avant tout elle est un geste d’amour envers soi. Se nourrir librement est synonyme de choisir de vivre sans contrainte, d’être autonome en se libérant de tous les diktats véhiculés par notre société.
Tout au long de ces pages, je vous guide pas à pas vers ce qui se cache derrière notre relation à la nourriture. De chapitre en chapitre, nous pourrons explorer ce qui n’est pas nommé derrière les régimes imposés, ou encore le non-dit derrière les troubles alimentaires. Est-il le temps de retrouver notre pouvoir et de sortir des régimes et diètes (s’ils ne sont pas associés à des problèmes médicaux spécifiques)? Est-il venu le temps de dire non à la minceur pour retrouver le corps qui est le nôtre et non pas celui que la société nous dicte ? Est-il venu le temps d’aimer notre corps et de reconnaître son intelligence pour nous guider vers l’intimité nutritionnelle ?
Chers lecteurs, je souhaite que ce livre soit une source d’information nécessaire sur la relation affective que vous vivez avec la nourriture et qu’il soit un guide pour retrouver la liberté de vous nourrir et la beauté de votre corps. Oubliez le regard extérieur sociétal et retrouvez-vous dans un accueil de qui vous êtes en toute simplicité. Délaissez les dérives alimentaires pour retrouver la chance que vous avez de ce côté de la planète d’avoir de la nourriture. Que vous puissiez en faire bon usage !
Bonne lecture !
A propos de l’auteur
Marie Lise Labonté est psychothérapeute, auteur et formatrice. Elle posséde une maitrise en orthophonie et en audiologie à l’université de Montréal.
Atteinte d’une maladie dite incurable, elle entreprend un travail psychocorporel sur elle même et découvre une voie vers la guérison. Elle élabore une méthode qu’elle pratique depuis vingt cinq ans.
En 1980, elle créé une approche psychocorporelle, « Approche globale du corps© ». Après plusieurs années de travail thérapeutique auprès de personnes atteintes de maladies, elle développe la méthode MLC© « Méthode de libération des cuirasses ».
Cette méthode s’inspire de son expérience d’autoguérison et de plusieurs années de recherche sur les « cuirasses » et sur la relation intime entre le corps et l’esprit.
Elle est l’auteure de nombreux ouvrages, dont Vers l’amour vrai (Albin Michel) et Mouvements d’éveil corporel (Éditions de l’Homme).
Source : http://www.marieliselabonte.com
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