LA VRAIE VIE DES EHPAD
SOIGNANTS EN BURN-OUT, SENIORS EN SOUFFRANCE
Mathilde Basset.
Le témoignage d’une infirmière dans le quotidien des Ehpad, face au démantèlement de notre système de santé.
Témoignage
« Ce n’est pas ça mon métier, Madame la Ministre ! »
Le 27 décembre 2017, Mathilde Basset, jeune infirmière en EHPAD, rentre chez elle épuisée, démoralisée, avec le sentiment que ses conditions de travail lui font trahir ses valeurs de soignante.
Elle lance sur Facebook un cri de colère pour dénoncer le manque de moyens, l’épuisement des soignants, et la souffrance des personnes âgées privées de contacts humains de qualité dans ce qui est devenu une véritable usine. Son message, repris par les médias, devient rapidement viral et ouvre le débat au niveau national.
Dans cet ouvrage, elle raconte le quotidien, les difficultés et les craintes d’une profession à bout de forces et d’équipes en sous-effectif et dont la formation ne correspond pas à la réalité du quotidien des hôpitaux. Entre distribution de pilules et soins à la chaîne, seule infirmière pour plus de 90 patients, ayant le sentiment de bâcler le travail et de totalement négliger la relation humaine, la jeune infirmière, fraîchement sortie de formation et passionnée par son métier, se voit jour après jour devenir « stressée, stressante et maltraitante »… C’est la boule au ventre que, quelques jours plus tard, elle quittera son service.
Un témoignage bouleversant qui nous oblige à regarder en face la question du destin que réserve notre société aux personnes âgées et à ceux qui prennent soin d’elles.
INFIRMIÈRE À RECULONS
Il fait froid en ce matin de décembre. Je me lève à cinq heures pour être à l’hôpital à six heures et demie. J’aime arriver un peu en avance. Ça me laisse le temps de me poser au bureau infirmier du deuxième étage, de lire les transmissions de mes collègues inscrites les jours précédents et de prendre un de ces cafés faits en une telle quantité qu’ils ont surtout un goût de flotte. À peine réveillée, je commence par anticiper le dégivrage de la voiture en laissant le moteur tourner, chauffage à fond. Je sais ainsi qu’au top départ, il fera bien chaud dans l’habitacle, ça rend la transition du salon à la voiture moins désagréable. À cinq heures et demie, je prends un café serré. Une projection mentale de la journée qui m’attend s’impose alors à moi. Je me roule une cigarette à fumer en arrivant là-bas, une caresse au chien et en route. Je quitte la maison dans le noir le plus total et sur la pointe des pieds, prenant garde de ne pas réveiller mon conjoint et ses enfants.
C’est les paupières encore lourdes de sommeil que je parcours les trente kilomètres de virages qui me séparent de l’hôpital. Encouragée par les chevreuils pas encore endormis ou déjà réveillés et les voix familières de mon autoradio, j’avance dans la nuit, à une allure soutenue qui me permet d’anticiper, déjà, un ralentissement impromptu et une première perte de temps. Ce temps qui doit être consacré au démarrage en douceur de ma journée, il est précieux. Les lève-tôt de France Inter me rappellent que je ne suis pas la seule à avoir choisi un métier dont les horaires sortent des ordinaires neuf heures – dix-sept heures. Lorsque j’arrive au Cheylard, le jour point timidement. Aux derniers croisements, je deviens un maillon d’une caravane de voitures qui vont toutes au même endroit. Derrière chaque volant se trouve une soignante.
A propos de l’auteur.
Mathilde Basset, 25 ans, est infirmière. Après avoir exercé à l’Ehpad du centre hospitalier du Cheylard, en Ardèche, elle travaille en psychiatrie, en ville, dans un cadre associatif à mission de service public.
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