Pierre TURLUR
LE VERTUEUX – LE RÊVEUR – LE VAGABOND
Voici racontées trois vies prodigieuses et trois sensibilités japonaises bien distinctes.
Avec maître Dôgen au 13ème siècle, la délicatesse d’un grand lettré est au service de l’expérience de la méditation et de la diffusion de l’éveil entamée à son retour d’un long voyage dans les monastères chinois. Un homme à la frêle constitution, fondateur d’un ordre rigoureux mais qui aime aussi chanter les montagnes et la nature comme expression vivante de la vérité.
Cinq siècles plus tard, Ryokan, poète errant et moine mendiant : il nous touche par sa naïveté désarmante et éclairante, son amour des êtres et des femmes, son goût du jeu avec les enfants des villages traversés, sa joie et sa bonté qu’il partage dans des haïkus fulgurants, chefs-d’œuvre du genre.
Et enfin Santoka, au début du 20ème siècle, qui passe sa vie à la perdre, devient moine zen puis vagabond alcoolique. Toujours en quête d’éveil, il compose des poèmes déchirants et audacieux qui témoignent avec force de la débâcle de ses illusions et du monde traditionnel qui l’entoure.
Extrait
Dögen le vertueux
1200-1253
(…) Mais ne me demandez pas où je peux bien aller
Quand je chemine dans un monde illimité
Et que chacun de mes pas est ma propre demeure.
Moine Dögen
Creusant le ciel ; j’ai cherché sans relâche
Ce soir enfin, j’ai puisé la lune dans les eaux.
Eihei Dögen
Les temps qui virent la naissance de l’enfant étaient plus qu’incertains. Une fois l’aristocratie oisive des Heïan balayée, des hordes de mercenaires sillonnèrent le pays. Les guerres entreprises par des seigneurs ambitieux qui se disputaient terre et pouvoir ensanglantaient les villages et les villes, et les cadavres et leur cortège de mouche allaient s’amoncelant, rapines et saccages se succédaient sans relâche. Les récoltes pourries sur pied, détruites par le feu ou les pluies trop abondantes, affamaient les villes et les campagnes. Typhons et séismes faisaient trembler tout jusqu’à l’horizon le plus lointain. Tout un monde vacillait alentour.
L’enfant naquit le deuxième jour du premier mois de l’année 1200 dans la famille Minamoto à Kyoto. Il était de très noble origine puisqu’on le disait descendant de l’empereur Murakami à la neuvième génération. Son père était Minamoto Michichika, premier ministre, et sa mère la fille du régent Kujo Motofusa, une fort belle jeune femme de trente-quatre printemps. A la mort de son géniteur, Minamoto Asho, qui occupait le rang prestigieux de ministre, devint son père adoptif et prit l’enfant de trois ans sous sa garde et sa protection. Cet homme généreux et cultivé était un fin lettré et un poète accompli ; c’est lui qui guida le très jeune Dögen sur le chemin des encres et lui conféra l’amour des lettres et du pinceau.
A propos de l’auteur
Professeur de littérature française et de philosophie à Kyoto et Osaka, moine zen, Pierre Taïgu Turlur vit au Japon, son pays de cœur depuis plus 15 ans. Il a publié deux livres aux éd. Albin Michel : Apprivoiser l’éveil, et La saveur de la lune.
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