Frederika Van Ingen
De la santé des hommes et de santé du monde
Pour les Lakotas d’Amérique du Nord, les Kagabas de Colombie, les Amchis tibétains, les Quechuas d’Amazonie et bien d’autres peuples racines, la santé est d’abord synonyme d’équilibre. Dans le regard du chamane, du guérisseur ou de l’homme-médecine, la maladie est un symptôme : celui d’un déséquilibre qui prend sa source au-delà de la personne.
C’est un regard qui change tout : nos corps sont les cellules du monde, nos groupes et sociétés ses organes, et nos maux physiques et psychiques, les signes d’une maladie du vivant qui nous habite.
Frederika Van Ingen explore ici la façon dont ces soignants utilisent cette connaissance pour panser les maux, avec une efficacité souvent surprenante. Huttes de sudation, diètes de plantes, peintures de sable, voyages chamaniques, transes, rituels, offrandes, symboles, contes, mythes, chants, danses, arts en général : leurs outils de guérison, au premier abord mystérieux, possèdent de vrais leviers d’action universels.
Reconnus par des millénaires d’expérience que nous avons nous-mêmes oubliés, les savoirs de ces peuples sont une source d’inspiration essentielle pour restaurer nos propres équilibres, ceux de nos corps et de notre pensée, comme ceux de nos sociétés.
Extrait
« Quand cette histoire commence, il n’y a plus rien sur la Terre. Le monde a été détruit. Il n’y a plus de vie et tout est entièrement recouvert d’eau. La terre n’est plus qu’un vaste marécage gris et sale où siffle un vent sans âge que plus rien ne retient. Dans ce marécage, seul un vieil homme marche encore. Il s’appelle Markendeya et il est le dernier survivant. Fatigué, épuisé, il ne trouve nulle part un lieu pour se reposer. Un jour pourtant, il voit jaillir de l’eau un arbre, un immense figuier, et sous les feuilles de ce figuier est assis un enfant, très beau, qui le regarde en souriant. L’enfant lui dit : “Tu as l’air fatigué. Entre ! Entre dans ma bouche pour te reposer.” L’enfant ouvre grand sa bouche, un vent immense se soulève et emporte l’homme dans les airs jusqu’à ce qu’il tombe dans le corps de l’enfant.
Quand il rouvre les yeux, Markendeya voit une rivière et des arbres autour de lui, il est dans une forêt. Il y a des fleurs et des oiseaux, des papillons, des femmes qui portent de l’eau en chantant des chants très beaux, il les suit et il découvre des chemins vers les villages, et des vallées, des déserts, des montagnes. Il s’approche des océans où il découvre le parfum de la mer et les vagues. Il marche plus de cent ans dans ce ventre, plus de cent ans il marche dans ce corps infini, sans jamais en voir la fin, goûtant aux fruits, au miel, buvant le lait qu’il trouve sur son chemin, écoutant le chant des insectes ou le silence des étoiles. Puis, après cent années, un vent immense se soulève à nouveau, emporte Markendeya dans les airs jusqu’à ce qu’il ressorte par la bouche de l’enfant. Ses pieds nus baignent à nouveau dans l’eau grise et sale du grand marécage où siffle un vent sans âge que plus rien ne retient… “Voilà, dit l’enfant, tu as l’air reposé maintenant.” »
Cette histoire, que m’a fait découvrir le conteur Pierre-Olivier Bannwarth, a plus de quatre mille ans. Elle provient du mythe hindou du Mahabharata.
Introduction
Imaginez un être vivant. Vous par exemple. Imaginez que vous rapetissez pour entrer à l’intérieur de votre corps et explorer son fonctionnement comme on le fait grâce à certaines images de synthèse. Vous découvrez une richesse de vie incroyable, des organes, des tissus, des liquides…
Descendez maintenant de quelques degrés sur la grande échelle de l’infiniment petit. Vous entrez dans le cœur, dans les tissus du cœur. Les cellules sont à l’œuvre, tels de petits soldats de l’horlogerie de précision du vivant. Elles absorbent les nutriments du milieu, transforment des molécules et en produisent d’autres. Parce qu’elles assument chacune leur fonction de cellules du cœur, celui-ci fonctionne, se régule, régule le corps, transmet à d’autres organes ce dont ils ont besoin, et permet à un humain d’être habité par la vie. Un frêle équilibre en mouvement qui se réajuste sans cesse. Dans tous les organes de ce corps, chaque cellule compte, fonctionne comme une unité de transformation de la matière et de production d’énergie. Elle naît, œuvre, crée, croît, se transforme. Elle fait partie d’un tout et travaille à son service. En échange, ce tout lui renvoie le nécessaire pour œuvrer, créer, croître, se transformer…
C’est ainsi que se voient les humains qui composent ce que l’on appelle les sociétés racines : cellules d’un grand corps vivant, dont la santé dépend de chacun d’entre eux, et dont dépend, en retour, leur propre santé. En médecine, on appelle cela l’homéostasie, c’est-à-dire le processus physiologique qui, grâce à des mécanismes divers comme le rythme cardiaque, la respiration, la sudation, les sécrétions, préserve le milieu intérieur en équilibre. En « humanité » on appelle cela l’harmonie, c’est-à-dire une qualité de l’échange, de la relation, qui maintient les systèmes et les différents niveaux des systèmes (organes, corps, groupes, milieux) en équilibre.
A propos de l’auteure
Frederika Van Ingen, journaliste et auteur de Sagesses d’ailleurs pour vivre aujourd’hui (Les Arènes, 2016), a exploré les thématiques de la médecine, de l’écologie, de la psychologie, avant de découvrir qu’elles étaient réunies avec une grande cohérence dans la vision millénaire des peuples racines. Sa recherche se concentre sur les passerelles à créer entre notre monde moderne et ces savoirs ancestraux. Elle anime également le « Cercle des passeurs ».
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