Mémoire des cicatrices
Que racontent les cicatrices que nous pouvons avoir sur le corps ? Pour Danièle Brun qui travaille sur les mécanismes inconscients qui structurent l’individu, elles sont comme des portes d’entrée dans notre mémoire. Elles permettent de se souvenir de moments ou d’événements oubliés de notre enfance et d’accéder ainsi à notre histoire familiale et plus précisément à ce que l’auteur nomme le corps familial. Cette sorte de charpente invisible qui laisse une empreinte en chacun de nous. Cette empreinte ne se résume pas à la transmission de l’éducation ou de valeurs éducatives, elle a trait à la transmission inconsciente de tout ce qui se joue dans une famille d’une manière invisible et que chaque individu porte en lui : sa place dans la structure familiale, dans le désir familial, être d’un sexe désiré ou non par les parents ou la famille, son rôle dans la filiation…
Un nouveau regard sur la famille et sur les réseaux inconscients qui nous traversent, nous modèlent et nous questionnement
Avant-propos
Une famille, selon Claude Lévi-Strauss, est une communauté d’individus réunis par des liens de parenté existant dans toutes les sociétés humaines.
L’article consacré à la famille par Wikipédia inclut cette citation de Claude Lévi-Strauss et une autre de Friedrich Engels. Elles éclairent l’objet de ce livre qui, prenant l’universel de la famille pour point de départ, vise à dégager la spécificité de son fonctionnement interne. Un désir de satisfaction règne dans chaque famille face à ce que la réalité quotidienne oppose à son vivre ensemble de manque à être ou de manque à avoir. Cette sorte de charpente structurée par le désir et par le manque qu’est le corps familial est par ce biais régulièrement sollicitée.
Dans l’étymologie du mot, rappelle Engels, se trouvent famulus qui veut dire « esclave », fama qui signifie « réputation » et familia. Familia, c’est l’ensemble des esclaves qui appartiennent à un même homme. De cette vision ancienne de la famille, que peut-on retenir ? Sans doute pas l’esclavage, mais peut-être la notion voisine d’otage. Elle vaut comme gage de la pression interne qu’exerce le désir insatisfait. Quoique plus fréquemment invoqué pour une seule personne, ce dernier n’épargne pas le collectif d’une famille et chacun, à sa manière, sans le savoir nécessairement, en ressent les effets dans sa chair. L’idéal de complétude est présent et ce qui y fait obstacle diffuse, infuse le milieu familial. Peu importe que celui-ci soit uni, délité ou recomposé, les traces d’un corps à corps entre le corps familial et le corps propre sont inscrites depuis l’aube de la vie. Elles se transforment et/ou se remanient à l’occasion de la création d’une nouvelle famille mais leur empreinte demeure lisible çà ou là. L’empreinte du corps familial ne relève cependant pas du transgénérationnel. Elle est unique pour chaque chair qui l’engramme à sa façon.
En écrivant ce livre, j’ai voulu illustrer l’implication des corps dans la mise à l’épreuve d’un désir que les choses de la vie s’emploient à contredire, et dont la face consciente tend à masquer les ressorts inconscients.
Introduction
L’empreinte : un certain regard sur la famille
« L’âge y est », disait parfois mon père, en souriant et en forçant l’accent alsacien qu’il n’avait pas au quotidien. Il y glissait une contraction dans laquelle j’entendais que « l’âge fait chier ».
« La-a-chi-iait » : dans cette prononciation forcée, l’imparfait se mêlait à un présent qui était le sien, celui de son corps qu’il sentait progressivement lui échapper. Comme il était encore bien pour son âge, je souriais avec lui, me laissant gagner par une tendresse communicative. Je manquais l’essentiel.
Le temps passa avant que les mots de mon père me reviennent à l’esprit, pourvus d’un sens inédit : celui de l’empreinte du corps familial. Avec le poids de la vieillesse, il avait évoqué l’histoire de sa vie et celle de la famille où j’étais née dont l’agencement, comme partout, avait ses caractéristiques propres. L’empreinte a ceci de paradoxal qu’elle confronte la singularité de chacun au collectif de la famille dans laquelle il grandit. La mémoire, les souvenirs des temps marquants pour la pensée ne sont pas les seuls outils sur lesquels s’appuyer pour construire l’histoire de sa famille, déterminer ses apports et ses faiblesses eu égard à la place qu’on y a tenue, puis s’en dégager pour créer sa propre route. Le corps exerce des fonctions majeures dans un tel parcours et il en est souvent le grand oublié malgré les traces des accidents qu’il a pu connaître, et dont certaines cicatrices témoignent longtemps après.
A propos de l’auteure
Danièle Brun est psychanalyste, membre d’Espace analytique et professeur émérite de l’université Paris-Diderot, où elle a fondé en 2001 le Centre de recherche en psychanalyse, médecine et société. Elle est présidente de la Société de médecine et psychanalyse. Elle est l’auteur d’ouvrages qui ont connu un grand succès notamment Une part de soi dans la vie des autres, La Passion dans l’amitié et L’insidieuse Malfaisance du père.
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